Séjour au Brésil

Salvador de Bahia

 
 

Salvador de Bahia….. Nous sommes amarrés comme les 20 autres équipages du rallye des Iles du soleil au ponton du cercle nautique, face au Mercado Modelo et à 2 pas de l' " Elevador Lacerda ", ascenseur public qui élève jusqu'à la ville haute plus de 20 000 brésiliens par jour. Celui en service - tour de béton moderne prolongée d'une passerelle - date de 1939, et succéda à une tour en treillis métallique de 1868 supportant un ascenseur à vapeur. L' Elevador Lacerda, c'est l'un des jalons historiques de Salvador, identifiant de la ville comme les trottoirs à motifs en zig-zag arrondis noirs et blancs sont devenus l'identifiant de Copacabana à Rio. Ceci à tel point qu'on le retrouve dans un dessin animé de 1945, " Les trois Caballeros ", où Walt Disney fait se balader Donald dans un rêve musical en Amérique Latine, Mexique et Brésil. Bien sûr les villes et maisons y sont représentées d'un trait largement simplifié, qui ne permet pas normalement de se situer ici ou là. Sauf que quand la fantaisie musicale l'amène à Salvador, on y reconnaît tout à coup très bien l'Elevador Lacerda et l'on sait où se situe l'action. Depuis le 19ème siècle, il a été plusieurs fois modernisé et aujourd'hui comporte 4 cabines silencieuses et rapides qui vous transportent pour la somme symbolique de 0.05 reals (1.5 centime d'euro). Ça ne rapporte presque rien à la ville, mais ça permet d'employer des vendeurs de tickets, des contrôleurs de portillon automatique (si, si !) et des opérateurs de cabine d'ascenseur. C'est toujours autant qui ne crèveront pas complètement de faim.

Le Mercado Modelo, c'est une institution ! Grand bâtiment à l'architecture néo-classique abritant un véritable souk oriental d'exposition et vente de produits artisanaux et souvenirs pour touristes, on y trouve aussi quelques restaurants " au kilo " où l'on mange en terrasse au son de danseurs de Capoeira et de leurs tambours. La Capoeira, c'est cette forme d'art unique à mi-chemin entre la danse athlétique et le sport de combat, développée par les esclaves noirs, à l'époque où parmi ceux-ci, les plus hardis, prêts à la révolte, voulaient combattre leurs maîtres avec des techniques de lutte héritées de leur Afrique ancestrale et transmettre ces techniques à leurs compagnons de souffrance. Leurs " propriétaires " en avaient interdit la pratique et l'avaient bannie des quartiers d'esclaves. Ceux-ci pratiquaient clandestinement en forêt. Dans les années 1920, toujours prohibée, la capoeira fut chassée des rues de la ville par la police montée. Dans les années 1930, Mestre Bimba créa sa propre académie et convertit cette lutte en danse acrobatique, au rythme des tambours africains. Aujourd'hui elle combine le combat, le jeu et la danse. Les adversaires sont toujours très enjoués et très respectueux. On y retrouve beaucoup de mouvements de coup de pied fouettés et balayés, comme dans la boxe française ou le karaté (que les puristes veuillent bien excuser ce qu'il prendront comme des approximations) et des équilibres sur une ou deux mains, très athlétiques, dont pourraient s'inspirer les danseurs de " rap " et autre " break- dance ". Très populaire dans l'état de Bahia.

 
 
 
   
La marina vue du Pelourinho. A l'extrême droite, la colonne de béton de l'Elevador Lacerda. A ses pieds, le Mercado Modelo et au fond, en blanc, le Centro Nautico de Bahia (CENAB),
avec les bateaux du Rallye au deuxième ponton. Le vieux fort du 16ème siècle garde encore l'entrée du port. Sur la gauche, le beau bâtiment blanc c'est le QG de la Marine.
Ceci nous vaut dès 6 heures du matin de nombreux coups de sifflet de gabier à chaque fois qu'un officier arrive au boulot.
L'étrange monument blanc au premier plan à gauche est surnommé par les Bahianais: "O Culo"... allez comprendre!
 
 
 

Ancienne capitale, Salvador est très étendue, avec un bon réseau d 'autobus, mais aussi de taxis qui vous emmènent pour quelques reals et avec le sourire, à l'autre bout de la ville vers les 1400 km de plage de sable clair et les strings qui les peuplent. Les favelas côtoient les grands immeubles qui se succèdent le long des voies rapides bordées de complexes commerciaux du genre Vélizy .

 
 
 
   
Salvador, quartier de Bara
 
Sur la pointe de Bara qui ferme la Baie au nord, se dresse
le vieux fort Portuguais qui en défendait l'entrée
 
 
 
   
Salvador, la plage de Bara
 
Le Mercado Modelo et la Marina
 
 

Mais le clou de la ville, son cœur historique et aujourd'hui touristique, c'est le Pelourinho, la " ville haute " datant de la fondation de la ville au 16ème siècle et aujourd'hui classée patrimoine de l'humanité par l'UNESCO. Heureusement, car cela a fait cesser les années d'abandon et de détérioration de bijoux d'architecture coloniale. Places réaménagées, près de 600 maisons coloniales restaurées, il reste beaucoup à faire, mais la tendance a été inversée. Aujourd'hui, c'est un grouillement de vie, de boutiques, de cafés, de restaurants " au kilo ", bars, hôtels, musées, et de nombreuses attractions de rue tous les jours en ces périodes de fête, Noël, nouvel an, carnaval.

Ah, au fait, il faut vous expliquer : dans un restaurant au kilo, on trouve un grand buffet, entrées, crudités, plats chauds, légumes de toutes sortes, desserts, fruits… On se sert autant qu'on veut (ou qu'on peut) de tout et n'importe quoi, et on amène son assiette à la caisse, pour la déposer sur une balance. Le prix à payer est strictement proportionnel au poids de la nourriture, que ce soit de la viande, du poisson, des légumes, des fruits, ou le tout mélangé… C'est simple, c'est commode, tout le monde y trouve son compte, c'est en général pas cher et souvent très bon.

Pour Noël, le Pelourinho grouille de vie et d'attractions : crèches St Sulpiciennes sous 35° de chaleur, marché de Noël par les artisans du cru, petits stands de nourriture garnis de plats typiques et desserts délicieux, clowns et acrobates, vendeurs de tout et n'importe quoi, stands de boissons et caïpirinias, et surtout magnifiques concerts de chorales d'enfant sur les thèmes de Noël, faisant tribune comble en plein air tous les soirs pendant une semaine.

 
 
 
   
La magnifique place centrale du Pelourinho, avec ses églises et ses maisons du 16ème siècle
 
L'église dite "des esclaves". Au fond, deux autres églises...
 
 
 
   
Au fond, la maison blanche de l'écrivain Jorge Amado
 
L'Eglise des esclaves
Eglise de la Mission
 
 
 
   
La cathédrale, construite par les jésuites
 
La très belle vieille maison derrière la Faculté de Médecine
 
 
 
   
 
Le magnifique cloître de l'église San Francisco au Pelhourinho, ceinturé d'une
fresque d'azulejos remarquablement conservée, à vocation philosophique et moralisatrice
 
 

Et un soir, des défilés de groupes genre carnaval, Marie, Joseph, le bœuf et l'âne en tête, suivis par les rois mages, avec des têtes de brésiliens noirs à mourir de rire, avec des sourires en tranche de pastèque, et bien évidemment, tout ça en dansant sur la musique jouée par la fanfare qui les suit, " Mon beau Sapin ", " Jingle Bells ", et tous les grands classiques de l'occasion, joués au rythme d'une samba d'enfer… Propriété nationale que la préparation du carnaval intensifie en tous lieux et en tous temps, tout comme le ruban de la couleur de votre choix qui vous est immédiatement placé autour du poignet avec 3 nœuds tandis que vous formulez 3 vœux. A garder jusqu' à ce que vous le perdiez pour la réalisation de souhaits !….

Ce qui frappe, c'est la gentillesse de la population malgré la déflation de sa monnaie favorisant les Européens que nous sommes. A titre indicatif, une salade se vend 1 real, soit 2,20F ; un repas à la churrascaria (restaurant d'excellentes viandes grillées) coûte 25 reals, soit 50 francs. Quant à l'apéritif local à base de rhum et de citron vert, c'est 7 francs partout, pour une "caïpirinia" qui se limite d'elle-même à deux verres avant l'impardonnable….

Nous voilà donc jusqu'à fin carnaval , le 10 février prochain, à supporter du 35 à 40 degrés le jour pour cet été que les brésiliens n'avaient pas connu aussi chaud depuis 31 ans. Le moindre vêtement est chaud, même ultra léger, et nous absorbons quotidiennement avec le thé vert au jasmin des frères Mariages, des oligo-éléments pour pallier à l'évaporation de nos sels minéraux.

 
 

Mini-croisière au sud de Salvador: Morro de São Paulo

 
 

Nos amis Christiane et Bernard venus de Paris, passer le réveillon avec nous. Nous sortons de la Baie et descendons sur Morro de São Paulo. Ex-bourgade de pêcheurs sur une île sans voitures, c'est devenu le lieu de villégiature "branché" des jeunes brésiliens, une sorte de St Trop bon enfant sans snobisme, dont les ruelles étroites sont restées en sol sableux, puisqu'il n'y a pas de voitures. Les plages y sont belles, et très nombreux les petits restos, les bars, les boutiques de fringues, les pousadas (petites auberges B & B).

Nous mouillons dans le bras de mer qui ressemble à une rivière, entre l'île et la terre. Sabine en profite pour faire sa séance de marche sur une plage de rêve!

 
 
 
 
La pointe de Morro de São Paulo
Notre compagnon au mouillage de Morro
 
 
 
 
Bernard et Christiane en jeunes amoureux...
Le ponton du Iate Club
 
 
 
 
Sabine en route pour sa marche quotidienne. Mieux qu'à Maurepas ???
On débarque en passant sous une porte portugaise du 17ème siècle
 
 
 
 
Et là, si vous le désirez, un taxi vous attend ...
L'église d'époque
 
 
 
 
Des pousadas dans la verdure
Des ruelles de sable, très animées
 
 
 
 
Les plages sont belles
La fantaisie s'étale sur les murs blancs
 
 

De Morro de São Paulo, nous décidons pour le réveillon de continuer à remonter la rivière jusqu'à un endroit du bour du monde, la petite ville de Cairu, nichée sur une petite colline au détour d'un méandre, avec ses deux églises anciennes dont une contient de magnifiques "azulejos" anciens remarquablement conservés.

Simona a vite fait de sympathiser avec la jeunesse locale.

Au menu du réveillon, langouste fraîche achetée ce matin au petit pêcheur sur la plage...

 
 
 
 
L'heure est propice pour s"arrêter au détour de la rivière...
... devant le petit village de Cairu, endormi depuis 3 siècles
 
 
 
 
Un petit tour dans la mangrove sur la rive opposée...
... tandis que DB nous attend au calme devant Cairu
 
 
 
 
Simona a vite fait de sympathiser avec la jeunesse locale.
Menu réveillon: langouste et champagne
 
 

Le lendemain, mouillage devant Gamboa, avec sa petite église perchée sur un piton. Nous en profitons, pour l'exercice, pour aller la visiter. En chemin, nous rencontrons de nombreux anacardiers. Cet arbre donne un fruit jaune-rouge à la chair ferme et très juteuse, au goût délicat un peu astringent. On l'appelle pomme d'anacardier ou encore pomme d'acajou. Le fruit se termine par une queue en forme de cosse, qui contient une amande. C'est cette amande, une fois torréfiée, que vous dégustez à l'apéritif sous le nom de "noix de cajou".

 
 
 
 
L'église de Gamboa est perchée sur son piton comme un oiseau sur un balcon
La pomme d'anacardier et sa noix de cajou
 
 
 
 
Le calme du mouillage devant Gamboa...
... nous incite à nous taper une caïpirinia d'enfer
 
   

La Baie de Tous Les Saints

 
 

De retour de Morro de São Paulo, nous mettons le cap vers la Baie de Salvador, la "Bahia de Todos Os Santos", ainsi nommée par Amerigo Vespucci car il y entra la première fois un premier Novembre. Baie magnifique, parsemée d'îles dont le calme, les cocotiers, les plages douces et désertes, les petits villages, contrastent avec la mégapole de Salvador et son accompagnement de foule, de bruit, d'insécurité, d'agitation incessante, et permettent de se reposer et de se mettre au frais, l'air y circule mieux, il n'y a pas de voitures pour le poluer.

 
 
 
Le Rio Paraguaçu
 
Nous faisons des sauts de puces dont le premier nous ammène à remonter le Rio Paraguaçu, une majestueuse rivière qui débouche au fond de la Baie. Profonde de 30 à 40 m, les rives en sont escarpées, verdoyantes, riches. C'est un plaisir d'y naviguer, nos yeux sont partout, sur la verdure, sur les vieilles pierres, églises ou autres en style colonial portugais, datant de deux ou trois siècles, sur de riches maisons modernes et luxueuses ou des centres de loisir.

 
 
 
 
 
 
 
 
Notre espoir de remonter ainsi jusqu'à la vieille ville de Cachoeira, réputée pour sa beauté touristique et ses fabriques de cigare à la main, se heurtera à des hauts fonds qui nous barrent la route pour cause de marée basse.

 
  Nous ressortons pour faire escale vers les îles voisines dont Itaparica qui fait face à Salvador est en est à peine à 2 heures de voile.

Christiane et Bernard sont heureux de l'explorer, exploration qui nous amène à découvrir un champ de manguiers, dont nous ramenons en annexe, une bonne quarantaine de kgs. Du miel, ces mangues !

 
 
 
 
Le calme du mouillage devant Itaparica
et la petite marina
 
  L'eau est propre, pas de moustiques et malgré un peu de courant, quel plaisir de plonger à toutes heures du jour ou de la nuit.
Et à la fraîche, ô combien appréciée, nous dînons de poissons grillés ou plats locaux sur la très sympathique place du village, sous quelques acacias et flamboyants, rappelant les places de Provence… mais sans pastis, et sans olives.

 
 
 
 
Nous explorons la mangrove à proximité du mouillage. Rencontre avec des pêcheurs ...
... qui ont élu domicile sur la plage à l'ombre d'un arbre hospitalier,
et se préparent une "moqueica de peixe" qui a l'air délicieuse
 
 
 
 
En s'enfonçant un peu dans la végétation généreuse...
... nous découvrons de prolifiques manguiers qui nous fourniront, en plusieurs occasions,
de pleins sacs de fruits à la saveur incomparable.
 
 
 
 
Et après un coucher de soleil superbe, serein, reposant ...
 
 
 
 
... Nous prenons l'apéro et le repas sur la petite place du village ...
... et terminons à la fête foraine, pour le plus grand plaisir de Simona.
 
 
 
 
Et c'est le retour vers Salvador et son "skyline"
 
  Nos amis repartis, nous faisons encore quelques ronds dans l'eau pour fuir la chaleur et le bruit des orchestres qui s'entraînent jusqu' à une heure avancée de la nuit, en vue du carnaval.

Le capitaine devant rentrer en France deux semaines pour raisons administratives et vente de voiture, les deux co-équipières restèrent à bord, à quai , puis décidèrent de fuir quelques jours dans un grand hôtel en bordure de plage pour surfeurs avertis, les pieds sous la table et à l'ombre des cocotiers idéaux pour y travailler le CNED de Simona, dont le quartier général était dans la piscine . Et pour son plus grand plaisir, Sabine marcha sur des km de sable, pieds dans une eau où l'on voit ses orteils, chapeau décoré de coquillages sur la tête. En fait, la curiosité de rencontrer de visu les plus belles fesses de la terre, constituait un argument supplémentaire.

Oui, des strings, des fils dentaires, il n'y avait que cela au mètre carré, mais les postérieurs rencontrés par milliers ne pouvaient y rentrer qu'en débordant dessus, dessous, et de côté ;

Résultat obtenu avec la consommation de 5 féculents et sucre à gogo au quotidien. …

Quant au topless, c'est autant prohibé qu'aux États Unis. Même dans l'enceinte du très privé Yacht-club de Bahia où nous avons nos entrées.