LE GRAND FLEUVE
 
 

Souré

 
  Mardi 1er mars au Vendredi 4 : de Fortaleza à Soure

15h 30, appareillage de Fortaleza, direction l'embouchure de l'Amazone, point de chute : Souré.

Les vents sont favorables, de trois quarts arrière, force 5 à 6, et nous poussent à notre grande satisfaction à bonne vitesse. Notre objectif : arriver de jour là-bas….

Nous avons embarqué un co-équipier, Guy, jusqu'à Belém. A trois pour monter les quarts, on bombe… Il nous faut être TRES vigilants. Nous traversons des flottilles de pêcheurs aux filets dérivants sur des kilomètres. Nous en avons fait les frais hier encore, obligeant le capitaine à prendre un bain de minuit. Il y en a partout, filets et flotteurs, bateaux de pêche éclairés au dernier moment avec une lampe électrique, et jusqu'à 200 miles des côtes…

La solidarité des participants du Rallye fonctionne, et par VHF, nous nous les signalons mutuellement de l'aurore jusqu'au crépuscule.

Jeudi 3 a été une journée noire : les turbines de circuit de refroidissement ont cassé sur les deux moteurs. Heureusement, les pièces de rechange étaient à bord, mais le capitaine a dû œuvrer trois heures durant le nez dans les moteurs pour réparer. Cet épisode a été suivi d'un arrêt brutal de l'ordinateur tribord pour cause… de douche inopinée à l'eau de mer ! Heureusement, l'ordinateur bâbord est bien protégé… Jamais deux sans trois : ces deux joyeusetés ne pouvaient être suivies que d'une troisième surprise, ce fut la chausse-trape du filet dérivant par nuit noire…

Vendredi 4 au matin, 3 nuits après notre départ de Fortaleza, nous embouquons le Rio Para, qui borde l'île de Marajo à l'Est. En milieu d'après-midi : Here we are ! ancrés devant Souré sur les rives du Rio Paracauari, affluent du Rio Para. Chaleur, humidité et moustiques sont au rendez-vous, au milieu des aigrettes blanches, ibis rouges et vols de canards en ligne, au ras de l'eau.

Première nuit complète à bord, sans bruit, très appréciée par les marins fatigués dont les bateaux arrivent les uns après les autres.

 
 
 
 
Le mouillage de Soure à son meilleur moment
Le "trapiche", centre incontournable de la vie de toutes les villes du fleuve:
point d'embarquement, de débarquement, lieu de vie et de rendez-vous
 
 
À gauche: le perroquet qui ne parle pas.

À droite, le perroquet qui parle

 
  Samedi 5 :

Pour notre mouillage d'arrivée à Souré, on nous a annoncé de nombreux bancs de sable, ancrage difficile sur fond de vase, mouillage avec de nombreux tourbillons, remous constants pouvant faire virer les bâtiments autour de leur propre ancre, tel un manége enchanté !
Cela nous a été donné de le constater, provoquant les rires spontanés des enfants assis dans la vase à marée basse, cherchant de leurs mains des crabes savamment décortiqués pour les " barracas ", ces petits restos en plein air qu'on trouve dans ce genre de bourgade.

 
  Dimanche 6 :

Nous prenons l'annexe pour aller, par le fleuve, jusqu'à l'hôtel " Ilha de Marajo " : c'est étonnant comme dans ces coins paumés, on arrive souvent à trouver des oasis de repos : ce n'est pas un Hilton sur la côte de Floride bien sûr, mais avec sa piscine à peu près propre et son restaurant où l'on nous sert un repas délicieux et abondant, celui-ci nous convient très bien pour une bonne journée de repos après une étape fatigante.

 
 
 
 
Un bon moment de détente après 4 jours de mer
et un bon repas, la viande au Brésil est délicieuse.
 
  Un peu plus grande que la Suisse, l'île de Marajo s'étend sur 50 000 km² à l'embouchure des fleuves Amazonas et Tocantins. C'est un monde à part où bicyclettes et buffles règnent en rois, ( la différence est que ces derniers vivent 30 ans et pèsent 1 tonne), sillonnant les rues à angle droit répertoriées en blocs comme à New York, recouvertes d'une herbe drue et résistante le long d'avenues très larges et totalement défoncées, plantées de manguiers. Les plages léchées par une eau saumâtre sont splendides, et nous découvrons au sol, des milliers de graines de plantes exotiques charriées depuis la forêt Amazonienne, par le Rio Paracuari, large de plus d'un kilomètre.  
 
 
 
Ça, c'est une grande rue de Soure...
... et ça, c'est une rue moins fréquentée ...
 
  Mardi 8 :

A l'intérieur des terres, des " Fazendas " isolées représentent de gigantesques domaines couvrant pratiquement la moitié de l'île. Ce mardi 8, nous partons dans un bus brinqueballant : nous n'avons pas le choix, il n'y a qu'un bus dans toute la ville, qui sert aussi d'auto-école ( ! ! ! ? ? ?) et il a été réquisitionné pour le Rallye. Nous allons visiter la Fazenda " Bom Jesus ", 6000 hectares - 300 chevaux - 500 buffles et zébus - 200 porcs. Tenue de main de maître par une étonnante petite dame, d'origine libanaise, ingénieur agronome, vétérinaire diplômée, et bien sûr polyglotte (portugais, espagnol, français, anglais…). Après une promenade à pied qui nous fait beaucoup de bien (on n'a pas souvent l'occasion en mer de marcher sur des kilomètres), on nous offre de délicieux jus de fruits exotiques et un petit goûter avec un excellent café " do Brazil ". Nous repartons avec plusieurs pots de miel et de confitures faites maison par la maman, petite et menue, 84 ans, un grand sourire, bon pied bon œil.

 
  Mercredi 9 :

Les militaires sont adorables de gentillesse depuis notre arrivée à Souré, et nous ont présenté leur caserne, avec leur bataillon de buffles qui leur permet de se rendre dans les endroits les plus inaccessibles pour maintenir l'ordre. C'est le premier régiment de police montée… à dos de buffles que nous ayons jamais rencontré… C'est aussi le seul au monde ! Nous avons droit à quelques démonstrations pittoresques de charge au galop, avant que les enfants ne fassent un tour de manège sur ces gros animaux, tour qui se terminera quand même par une chute collective, heureusement sans gravité.

 
 
 
 
Le seul bataillon au monde de police montée... à dos de buffle !
Bien que sous la surveillance du Colonel, Simona n'est pas plus rassurée que ça !
 
 
 
 
Les murs de la caserne sont brillamment illustrés de la carte de Marajo...

... ainsi que d'un résumé de la faune spécifique de l'île.

 
  Jeudi 10 et Vendredi 11 :

Certaines de ces fazendas sont dotées de charmantes maisons proposant des chambres d'hôtes avec moustiquaires et ventilateurs, ainsi que des distractions comme sorties à cheval ou à dos de buffles ( à cornes en guidon de vélo comme au pays Toraja dans les îles Célèbes en Indonésie), observation d'oiseaux de toutes tailles, palmés ou non, toucans, acarajas multicolores, macaques se jetant de lianes en branches, singes hurleurs, alligators, pêche au piranhas. ( Ce matin là, ils n'avaient pas faim… ).

 
 
 
 
Des bateaux très rapides, en aluminium...
... nous amènent en une heure de fleuve jusqu'à la fazenda SanJo.
 
  Nous allons ainsi passer deux jours et une nuit au calme le plus complet à la " Fazenda Sanjo ". Il n'y a pas de routes sur l'île, le seul moyen de pénétration est le système fluvial, puis le cheval. Il faut près d'une heure de bateau rapide pour remonter le rio Paracuari, puis un de ses affluents, puis un sous-affluent… Et à environ 30 km de Souré, nous débarquons à un petit ponton où nous attendent les chevaux (ainsi qu'un char à bancs tiré par des buffles pour les moins aventureux). Deux merveilleuses journées hors du temps, au rythme de la fazenda, chez des hôtes prévenants et accueillants, des repas abondants et riches de saveurs locales (rôti de buffle, frites de manioc, pain maison à la farine de manioc et au fromage cuit frais tous les jours). Et bien sûr, toujours présente, la caïpirinha qui accompagne tous les apéritifs… Réveillé au milieu de la nuit, j'ai assisté à un féerique ballet de petites lumières clignotantes sous un grand ciel étoilé. Ce n'était pas l'excès de caïpirinha : on m'a expliqué au matin que c'étaient, non pas des lucioles, mais une sorte de papillons de nuit, qui émettent ces bips lumineux toutes les 20 à 30 secondes.

 
 
 
 
La promenade à cheval pour certains ...
... ou en char à buffles pour d'autres.
 
 
 
 
... nous amène jusqu'à un ancien cimetière indien (reconstitué)...
... et à une belle collection d'urnes funéraires (copies d'ancien).
 
 
 
 
Héritage des indiens: le jus de ce fruit fraîchement cueilli ...
... sert à nous faire des tatouages du plus bel effet.
(ils restent une semaine puis s'effacent graduellemnt)
 
  La vie sauvage abonde comme la végétation ( comme en Seine et Marne, on plante un clou, il sort des feuilles ) et les invités peuvent aussi participer aux activités du ranch : à cheval - race Andalouse en élevage- nous allons réunir les bêtes à cornes dispersées, leur faisons passer des gués naturels d'eau de pluie dans lesquels immergés totalement, ils nagent, et nous les rassemblons dans le corral. A cheval, nous avons de l'eau au mollet, et jusqu'à la selle quand le cheval nage!… provoquant chez Simona qui galope sur une petite jument tétée par son poulain, des flots de paroles auxquels nous sommes habitués.

 
 
 
Accompagnés des "cow-boys" de la fazenda ...
... nous partons chercher le troupeau de buffles.
 
 
 
 
Et nous les ramenons vers le coral.
Simona a pris beaucoup de plaisir à monter.
 
Cette expédition équestre n'est pas sans nous rappeler celle, réalisée en Utah, Nevada et Arizona avec de vrais cow-boys, bivouaquant à la dure, lors de l'année des grandes chaleurs américaines, laissant les rivières censées nous baigner, à sec ; avec la problématique à résoudre des 40 litres d'eau qu'un cheval se doit d'absorber quotidiennement. Nous passions après nos montures bien sûr. Mais le souvenir des tartines de béchamel américaine au breakfast très matinal, reste indigeste dans nos mémoires, malgré d'exceptionnelles photos des grands espaces à la John Wayne…

6 années plus tard, ces deux nuits ainsi passées à la fazenda Sanjo, soignés avec empressement resteront avec plein d'images dans nos mémoires.

 
 
 
Une pêche au piranha infructueuse ...

... va finir par se transformer en séance d'observation des singes.

 
C'est la fin de l'été au Brésil et nous venons d'essuyer une rincée de 4 minutes tombant tous les 2 jours, mais qui vaut son pesant d'eau douce. Dans ce cas, la compétition consiste à se jeter dehors dans n 'importe quelle tenue, pour rabattre tous les panneaux bordés de moustiquaires intérieures avant l'inondation dont les restes se transformeront en moisissures amazoniennes. Et il y a des dégâts : couchettes, bouquins et ordinateur ( encore lui ! ).

 
 

Belem

 
  Samedi 12 :

Au petit matin, profitant de la marée et du courant portant, levant l'ancre pour Belem, nous tentons de faire sécher au vent… Réel souci pour la lavandière, malgré les 32 degrés affichés au thermomètre interne et 74% en hygrométrie.

A 5 heures de navigation d'ici, ordre est donné de partir en file indienne derrière le bâtiment de l'armée brésilienne qui nous encadre pour cette remontée de l'Amazone, afin d'éviter les rails empruntés par les gros pétroliers et navires de commerce remontant jusqu'à Manaus et même au-delà, à plus de 1500 km de l'embouchure.

Notre point de départ pour cette aventure est Belém. Fondée par les portugais en 1616, ville mythique dont le nom est porté par l'un de nos rares grands voiliers encore en service en France. Ville décadente qui prospéra plusieurs siècles en ponctionnant sur les ressources de l'Amazonie (cacao, vanille, cannelle, peaux d'animaux) tout en détruisant et en asservissant les tribus indiennes. Quand il n'y eut plus de main d'œuvre indienne, l'économie amorça son déclin ; dans les années 1820-1830 la région fut déchirée par une violente guerre civile.

Belém connut son apogée et ses heures de gloire dans la deuxième moitié 19ème siècle avec le boom du caoutchouc naturel, la sève de l'hévéa. En 1910, les ventes de caoutchouc représentaient 40% du total des exportations nationales. Belém passa de 40 000 habitants en 1875 à 100 000 en 1900. En pleine chaleur tropicale, il régnait une ambiance européenne dans cette ville dotée de l'électricité, du téléphone, et de tramways. Des fonctionnaires édifièrent quelques grands monuments, dont le " Téatro da Paz ", qui valut à la ville le surnom de " Paris tropical ". Les quais et les entrepôts qui bordent encore les berges datent de cette époque.

Aujourd'hui le lustre de Belém est bien loin. La pauvreté et les bidonvilles envahissent tous les quartiers, et l'insécurité règne partout en ville. Les pickpockets sont les rois, et on peut même se retrouver avec un grand couteau sous le nez, auquel cas il vaut mieux ne pas insister et donner ce que l'on a sur soi. On se promène donc toujours en groupe, on prend des taxis même pour de petites distances, et on évite toute tentation aux voleurs, pas de bijoux, très peu d'argent sur soi, appareil photo discret qu'on ne porte bien sûr pas en bandoulière… A part ça, ça va…

C'est l'une des villes les plus pluvieuses du monde. Le schéma est quasiment réglé : soleil nuageux le matin, petite pluie à midi, énorme grain tropical vers trois heures, ça tombe dru pendant une heure et ça se calme dans la soirée. Il arrive fréquemment que les habitants fixent leur rendez-vous en fonction de l'averse quotidienne : on les entend se dire " je te vois demain après la pluie "…

Les 20 bateaux sont mouillés devant un hôtel, ex-Novotel - qui dispose d'un agréable restaurant en terrasse sur pilotis sur le fleuve, d'une piscine - toujours bienvenue aux heures chaudes de la journée, et aussi bienvenue pour se doucher en économisant l'eau du bord - et de structures d'accueil dont quelques postes Internet qui nous permettent de communiquer par mail en nous évitant d'avoir à courir en ville pour trouver un café Internet. Mais le quartier environnant est sordide, et il n'est pas question d'y faire ne serait-ce que 200 mètres à pied, c'est l'agression quasi-assurée.

 

 
 
  Le Rallye défile devant les anciens docks, aujourd'hui restaurés en bars, boutiques et restaurants à la mode. Le marché historique "ver-o-peso" (littéralement "voir le poids"), ainsi nommé car dans les temps anciens les bateaux étaient assujettis à un droit de douane en fonction du poids de la marchandise transportée.  
  Dans la nuit du 14 au 15 : , cap'tain Jack se rend à l'aéroport afin d'y accueillir Alexandre, un équipier qui rejoint Double Boggey pour le parcours Amazonien. C'est le fils d'un couple ami parisien, et je l'ai " recruté " pendant mon séjour en France fin janvier. 30 ans, dynamique, charmant, il va très vite faire la conquête de tous sur le rallye, parents et enfants, par sa gentillesse et ses initiatives. Il fait également la conquête de Sabine, Simona, et de Double Boggey.

 
  Jeudi 17 mars :

En fin de matinée, ayant fait la veille leurs sacs et leurs paquets, Sabine et Simona embarquent dans un taxi, direction l'aéroport, rentrant via Cayenne vers la France, le froid, et les amis, pendant la durée du périple amazonien.

Pour compléter l'équipage, Alain, dit "l'Apache", qui avait traversé l'Atlantique avec moi, rejoint le bord. Tous trois, nous passons les derniers jours à préparer le bateau : vidange et changements de filtres sur les deux moteurs, pleins d'eau douce, de gasoil, de monnaie, de victuailles, quelques réparations de circuits électriques ou poses de poulies. Nous mettons en service la grande bâche à tendre sur la trampoline et qui, à chaque averse, nous permet de recueillir plusieurs seaux d'eau douce pour refaire le niveau du réservoir du bord …

 
 

SanSebastian de Boavista

 
  Vendredi 18 :

Le départ, prévu aujourd'hui, a été repoussé d'une journée, car les " G.O. " n'ont pas réussi à terminer toutes les formalités à temps… Il faut rappeler que le Brésil est une fédération d'états (comme les USA) : 24 états, deux territoires et le district fédéral de Brasilia. Les formalités d'entrée et de sortie ne se font pas au niveau fédéral, mais état par état. De plus elles sont complexes et les fonctionnaires ne sont pas pressés. Pour donner un exemple : un bateau français qui ne fait pas partie du Rallye vient de passer deux jours et demi à courir de bureau en bureau simplement pour faire la sortie de l'état du Para. Sachez que depuis notre arrivée au Brésil, c'est le quatrième état que nous visitons (le Bahia pour Salvador, le Pernambouco pour Fernando de Noronha, le Ceara pour Fortaleza, le Para pour Souré, Belém et le reste de notre périple amazonien). Imaginez qu'à chaque fois ce sont les G.O. qui font les formalités, avec à la main 20 carnets de francisation (les papiers du bateau) et environ 70 passeports (pas tous français, il y a des italiens, des espagnols, des allemands…). Ils y passent plusieurs jours à chaque fois. Pendant ce temps, nous attendons au bar, dans la piscine, à la plage… C'est dur, mais on se dit que ça vaut le coup de profiter d'un Rallye organisé ! En plus, ici à Belém, il faut renouveler les visas de touristes car nous sommes au Brésil depuis plus de trois mois…

 
  Samedi 19 :

Départ après déjeuner pour une petite étape, au mouillage sous l'île de Cotijuba, une ancienne colonie pénale. Au coucher du soleil, spectacle étonnant de dizaines d'oiseaux qui ne volent qu'en couple.

 
  Dimanche 20 :

Lever à 4h 00 du mat' pour un départ à 4h 30 … pour une étape assez longue jusqu'à San Sebastian de Boavista. Nous remontons le Rio Para qui borde le sud de la grande île de Marajo, elle-même flanquée de dizaines de petites îles comme celle de Boavista. Nous sommes très attendus par la population : l'an dernier, pour cause d'un retard de 24 heures dans le programme, cette étape avait été supprimée, et les habitants très déçus. Cette année nous bénéficions d'une soirée de danses folkloriques sur la terrasse sur pilotis du dancing local, et je vous jure que ça n'est pas piqué des vers !

Le lendemain, visite du village aux rues de planches sur pilotis, très pittoresque.

 

 
 
 
La promenade du bord de fleuve, sur pilotis
Les maisons sont vite construites, certaines ne manquent pas d'élégance.
 

 
 
 
Pour remplacer les avirons de l'annexe, "empruntés" au mouillage par
un visiteur indélicat, voici la solution, garantie "made in Amazonia" !
En raison du sol spongieux et des pluies abondantes et fréquentes,
les rues sont construites en planches sur pilotis.
 

 
 
 
Elles se divisent en venelles entre les maisons...
Et se prolongent loin vers la forêt
 

 
 
 
Jusqu'à de petits "iguarape"...
... où Papa baigne et shampouinne les enfants
 

 
 
 
Ici, la "terrasse avec vue" d'un boui-boui local...
... avec, hygiène oblige, les toilettes pour homme!
 

 
 
 
Là, c'est toute la famille qui se baigne et fait la lessive...
 

 
 
 
Les bateaux sont fréquemment gardés sous abri
Le beau bistrot jaune nous attire...
 

 
 
 
... pour une partie de billard acharnée...
... et une bonne bière pour la soif.
 
 

En route vers Breves ( prononcer "Bréveïche")

 
 
Mardi 22 :

Étape de 6h 00 à 14h 00 vers le mouillage d'Araras. Dans la matinée, nous subissons une belle averse, suivie d'un arc-en-ciel magique, les pieds dans l'eau, qui va accompagner le bateau pendant un quart d'heure!

 
  Arrivés à l'étape et disposant d'un peu de temps avant la nuit, Alain et moi abandonnons Alexandre à sa " grippe des pontons " et prenons l'annexe pour une longue visite des " fouros ", ces bras d'eau de plus en plus étroits qui permettent de pénétrer la jungle et d'y observer les maisons en bois au bord de l'eau . Les habitants, descendants des indiens métissés de brésiliens d'origine européenne ou africaine, ont pour la plupart perdu leur langue indienne et beaucoup de ce qui faisait leur civilisation. On lit sur leur visage une sorte de tristesse, d'ennui, aussi chez les enfants : ils n'ont rien à faire de toute la journée, pas d'école, pas de village, pas de distractions… à part des tours en pirogue devant la maison. Ils vivent de cueillette, de pêche (poissons typiques de l'Amazone, et crevettes très abondantes), et un peu de chasse.

 

 
 
 
Dans les petits "furos", pas de moteur pour apprécier les bruits de la forêt
Rencontre avec les gens du fleuve.
 

 
 
 
Maison de famille
... et, comme dirait Sabine: "les gosses! les gosses! ".
 
  Mercredi 23 au Samedi 26 :

Étape du mouillage d'Araras à Breves (on prononce : Bréveïche). Pour une fois, nous sommes accostés à la rive, à couple par trois le long de Ducs d'Albe le long du " trapiche " (nom local donné dans les villes et villages de l'Amazone aux pontons et autres facilités de débarquement. Des passerelles improvisées permettent le débarquement.

 
 
 
"Alvaro Furtado", le navire-amiral qui nous accompagne tout au long du
périple amazonien, avec à son bord les "GO" et deux pompiers-plongeurs
qui rendront bien des services.
Très fréquemment, on croise des pirogues pleines d'enfants. Parfois, ils
réussissent à s'accrocher au passage et, heureux et riants, se font
traîner sur quelques centaines de mètres. On leur donne des bonbons,
des biscuits, des bics, ils repartent tout heureux et vont vers le bateau
suivant tenter leur chance.
 
 

Nous allons passer une journée dans une fazenda. L'approche par un " iguarape " (petit bras d'eau, plus petit que le " furo ") est spectaculaire. Au programme de la journée : petit déjeuner plantureux, avec plein de fruits exotiques, promenade dans la forêt avec commentaires sur les variétés d'arbres et de plantes, et quelques singes qui détalent devant nous, puis déjeuner avec " churascas " (viandes de bœuf, buffle et porc grillées au barbecue) et " feijoada ", le plat national brésilien, sorte de ragoût de viandes et saucisses dans des haricots rouges. Comme le soleil est violent et que d'autre part il pleut au moins une fois par jour avec des averses violentes, tout se fait évidemment " en plein air " sous un grand toit de chaume de palmes qui nous protège de toutes ces intempéries et de la chaleur, l'air circulant librement. Quelques hamacs tendus ici et là entre le poteaux permettent aux plus courageux d'entre nous (dont je fais partie bien sûr) d'assurer une bonne sieste réparatrice pour la suite du programme, avec les danses folkloriques, auxquelles tout le monde finit par se mêler dans une joyeuse ambiance.

 
 
 
Le trajet pour se rendre à la fazenda santa tereza
est un véritable enchantement.
 

 
 
 
Le "furo" étroit sinue dans la forêt verte et dense...
... et nous offre des échappées de toute beauté.
 

 
 
 
Sur le bateau, l'ambiance n'est pas triste ...
... et à l'arrivée non plus, avec le groupe de danseurs
 
Un autre jour, nous visitons un parc forestier sous la houlette de deux ingénieurs agronomes forestiers, l'un plus âgé et professeur à l'Université du Bois de Brévès, l'autre plus jeune et chercheur à cette même université. Outre plusieurs questions curieuses sur les espèces et leur utilisation, de nombreuses questions fusent sur les problèmes d'exploitation du bois, de la déforestation sauvage, de la reforestation, de la conservation du patrimoine, etc. Les réponses nous montrent que les Brésiliens sont bien conscients de tous ces problèmes, mais que les solutions sont bien complexes à mettre en œuvre… Mais ce n'est pas ici le bon forum pour en discuter ou donner plus d'explications…

 
  Dimanche 27 au Mercredi 30 :

Nous appareillons de Breves, et pendant trois jours, faisons de longues étapes de la journée, nous arrêtant le soir dans des embouchures de petits furos donnant sur l'Amazone, nous mettant ainsi pour la nuit à l'abri du trafic et à l'abri du courant du grand fleuve.

Nous quittons provisoirement celui-ci le troisième jour, pour rejoindre Porto do Moz situé sur un gros affluent.

Mais ceci est une autre histoire, que vous découvrirez dans le compte-rendu du mois d'Avril.