A nous la liberté ... !
 
 

La Guyane Française

 
  Lundi 2 mai : Atterrissage

Partis d'Afua, dernière escale du Rallye TransAmazone le 29 avril, le gros de la flotte a fait volontairement une dernière escale au mouillage dans un iguarape avant de se disperser. Tout le monde a jugé plus prudent d'aborder de jour les passages difficiles de la sortie de l'Amazone, pleins de hauts fonds et de bancs de sable mal cartographiés et qui changent de place tous les ans.

Au matin du 30, des groupes se forment, par affinités et par vitesses de bateau, et les choix de routes diffèrent. Double Boggey s'engage dans un passage un peu plus rapide en compagnie de trois autres catamarans. Nous ne sommes plus que 4 à naviguer de conserve. Fini le convoi des 21 pèlerins plus le bateau-amiral plus le bateau de la Marine Brésilienne. Alors nous nous sentons un peu plus libres, un peu plus responsables de nos routes et de nos manoeuvres... Autant avons nous apprécié le Rallye pour nous mettre le pied à l'étrier, puis la TransAmazone pour visiter en toute sécurité une région excepionelle mais potentiellement dangereuse, autant nous apprécions maintenant de choisir notre propre route, nos propres horaires, nos propres escales et la durée de celles-ci... A nous la liberté !!!

Et donc, le 2 mai, au troisième jour de navigation, nous voici devant la Guyane. Nous fêtons dignement l'anniversaire d'Alexandre, qui, en mer pour ses trente ans, a droit au champagne et au foie gras.

Mardi 3 mai : Retrouvailles

Nous n'arriverons en face de Kourou que lundi vers 22 heures, par nuit noire. Je n'ai pas de cartes de Kourou dont l'entrée, d'après les Instructions Nautiques, est un peu délicate. Nous mettons à la cape jusqu'au petit matin, et dès le jour levé, Double Boggey embouque le chenal, remonte un peu la rivière Kourou, et finit au mouillage à proximité du ponton des pêcheurs.

Sitôt débarqué, je me lance à la recherche d'une voiture de location. Ce sera un peu difficile car les adresses que j'ai obtenues sont périmées. Demandant alors à des résidents de Kourou, j'obtiens des réponses folklo... Une brave dame qui est ici depuis 2 ans m'affirme même que "c'est désolant, elle en parlait encore hier soir avec son mari, mais il est devenu impossible de louer une voiture à Kourou, plus personne ne fait ça, ils ont tous mis la clé sous la porte!" Heureusement, une fois mon découragement passé, et avec un peu de persévérance, je finis par trouver le loueur de voitures, qui a tout ce qu'il faut en magasin!

Ce même syndrome se répètera le lendemain pour ce qui concerne Internet: de nombreuses personnes interrogées nous affirmerons "qu'il n' a aucun café Internet à Kourou, pensez-donc, elles le sauraient, ça fait deux ans qu'elles sont ici et elles n'en ont jamais entendu parler, non, non il n'y a pas ce genre de chose ici..." Jusqu'au moment où, en fouinant comme il faut, on tombe sur le "Cyber-K" et ses 12 postes en ADSL...

Nous prenons en voiture la route de Cayenne, mais en faisant un détour par le très beau Musée de l'Espace et des fusées du Centre Spatial de Kourou.

L'après-midi, je dépose mes équipiers à Cayenne, ils vont vivre leur vie. Puis je retrouve Sabine et Simona à leur hôtel, car elles ont débarqué de l'avion quelques heures plus tôt.

Mercredi 4 au Samedi 7 mai : Kourou, que d'eau !

Le lendemain nous rejoignons Kourou: ce sera une escale essentiellement technique car il n'y a pas grand chose à faire et le cadre n'a pas grand chose d'attirant : faire le plein d'eau, de vivres frais, de carburant, acheter et installer 60 mètres de chaîne... Nous passons deux nuits à l'hôtel Mercure, un régal pour le Cap'tain qui n'a pas vu un vrai lit ni l'air conditionné depuis Salvador... Et nous profitons quand même de quelques agréments de la ville: le petit déj' chez le Chinois à l'enseigne "DéliFrance", avec ses viennoiseries et sa tartine beurre-confiture, une succulente demi-baguette chaude et croustillante comme à Paris ! Et, dans le village Saramaca, le village africain de Kourou, les petits dîners de brochettes "Chez Disou": quand on lui commande un 'ti punch, il vous amène carrément la bouteille de rhum, la bouteille de sirop de canne, les citrons, et c'est 'ti punch à volonté pour le prix d'un !!!

La "ZIC" (la Zone Intertropicale de Convergence, c'est à dire le Pot-au-Noir) est remontée sur Kourou: d'où des pluies diluviennes en continu pendant trois jours. Pas bon pour le moral. Heureusement, nous rencontrons des amis d'amis qui vont nous accueillir avec chaleur, nous apporter leur sens de l'hospitalité et faciliter notre séjour. Merci Danielle et Jean-Pierre pour votre gentillesse et votre fraternelle générosité.

 
 
 
 
Danielle et Jean-Pierre, nos hôtes pleins de gentillesse et générosité ...
... grâce à qui Sabine se détend
 
   

Dimanche 8 mai : Les Iles du Salut

Samedi soir, ayant fait les pleins et nos adieux, nous quittons le triste mouillage de la rivière Kourou pour aller jeter l'ancre à quelques milles en face, aux Iles du Salut. Drôlede nom pour ces îles qui jusqu'aux années 40, ont abrité le bagne. On disait alors d'elles: c'est l'Enfer au Paradis. Aujourd'hui l'Enfer a disparu, il ne reste plus que le Paradis.

Nous sommes au mouillage sous l'île Royale, on y est bien, et surtout il y pleut beaucoup moins qu'à Kourou. La journée de Dimanche est très ensoleillée, et nous partons faire le tour de l'île à pied. Les paysages sont très beaux le long du sentier côtier , et nous rencontrons une multitude d'animaux assez peu farouches: un coq faisan, des singes, des agoutis, des iguanes verts, un paon, des caïmans... un vrai bestiaire.

 
 
 
 
Nous croisons plein d'agoutis, ce rongeur gros comme un lapin
et qui ressemble à un écureuil sans queue
Et que fait là ce faisan ?
 
 
 
 
Des iguanes longs de 30 cm se chauffent au soleil ...
... ainsi que des caïmans, déjà plus menaçants.
 
 
 
 
Il a beau avoir les pieds dans le fumier, il reste fier !...
Les petits singes capucins, malins et peu farouches, viennent chercher
les friandises que les enfants leur tendent.
 
  Au détour d'un sentier, une inscription gravée à même le roc : Adam 1903-1934 : Innocent ou criminel ?

La qualité de l'eau étant nettement moins chargée en limon, Simona plonge à côté de " la piscine des bagnards " , jouant avec des noix de coco flottantes, tandis que papa-maman assis sur les rochers à l'ombre, profitent du temps qui passe. Pas longtemps ! Car d'un seul coup, une nuée de petits singes déboule, sautant de branches en palmiers, avides de quémander quelques morceaux de galettes St Michel ( à prix d'or ), en les saisissant de façon fulgurante dans les mains de qui s'en est pourvues.

Tout en haut de l'ile, un hôtel restaurant jouxtant la résidence des directeurs pénitentiaires, surplombe l'Île du Diable (où fut enfermé Dreyfus, et d'où s'est échappé Papillon ), et nous y déjeunons d'un délicieux mérou sauce créole. Finissant la journée par la visite des divers bâtiments du bagne, préservés ou en ruine, nos pensées vont vers ceux qui séjournèrent dans les cachots terriblement exigus, et nous posons notre main dans l'empreinte laissée sur une roche de cellule par un détenu avide de se hisser pour voir un coin de ciel bleu… Le drapeau tricolore décore la gendarmerie et son héliport… Le soleil décroît ( 17 H 30 ), et nous reprenons l'annexe flottant aux côtés d'une grosse tortue qui nous salue de sa tête soudainement émergée en guise de bye-bye.

 
 
 
 
Double Boggey au mouillage sous l'Île Royale, face à une élégante construction de style colonial

 
 
 
 
Le chemin du tour de l'île sinue sous les cocotiers, un enchantement entre mer et colline ...

 
 
 
 
Coucou ! On est cachées, tu nous as pas vues ! ...

 
 
 
 
À quelques encablures, l'île du Diable

La gendarmerie.

 
 
 
 
La chapelle, qui fut magnifiquement décorée par un célèbre faussaire

L'hôpital, lui aussi décoré par les bagnards de scènes de la vie quotidienne.

 
 
 
 
les cachots : une petite ouverture à barreaux haut placée...

... et une exigüité incroyable !

 
 
 
 
 
 
 
 
Une agréable halte déjeuner
La Miss dans ses poses
 
 

Tobago

 
  Lundi 9 - Jeudi 12 : Traversée

C'est en compagnie de nos amis Gorch et Ingrid, sur leur catamaran "Going", que nous entamons les quatre jours de traversée vers Tobago. Nous naviguons "de conserve", c'est-à-dire près l'un de l'autre, en restant à vue et en s'échangeant plusieurs fois par jour quelques paroles à la VHF. En effet, les côtes du Surinam (ex Guyane Hollandaise) que nous longeons au sortir des eaux de la Guyane Française, sont mal famées: des cas de piraterie par les bateaux de pêche locaux ont été rapportés depuis quelques années et il vaut mieux être prudent. De gros bateaux munis d'ènormes tangons métalliques de chaque côté essayent de vous démâter avec leurs tangons. Ensuite, il leur est facile de vous appréhender, vous êtes quasiment impuissant avec un bateau démâté dont le gréement traîne autour de vous et vous encombre...

Naviguer à plusieurs est une sage précaution de sécurité. Les risques sont moindres, les attaques se faisant pratiquement toujours sur des bateaux isolés. Il est difficile d'attaquer les deux bateaux en même temps, et le copain peut donner l'alerte...

Mais les seules attaques que nous subirons seront celles des poissons volants... Pas de quoi s'affoler... Alors, pour meubler, nous vous offrons l'un de ces merveilleux couchers de soleil en mer qui nous émerveillent à chaque fois...

A défaut d'autre chose, ça pourra toujours vous faire un fond d'écran !...

 
 
 
 
 
 
Après quatre jours et trois nuits, nous voici en vue de notre première île Caraïbe ! La traversée a été somme toute assez agréable, car les 650 milles nautiques ont été avalés confortablement et à bonne allure, en profitant des vents portants ainsi que du courant portant de 1 à 2 neouds qui améliore bien les moyennes journalières.

Mais, après trois jours de soleil, c'est par un temps plutôt maussade que nous arrivons à Tobago, atterrissant sur Scarborough, petite bourgade qui se dit la capitale de l'île.

L'île n'apparait que peu à peu derrière ses nuages qui vont nous arroser plusieurs fois en crevant sous des grains comme celui-ci ... (voir à gauche)

Premier contact peu agréable pour une île dont venons de lire dans les guides que c'était sans doute l'un des derniers petits paradis des Caraïbes;

Pour le moment, la seule bonne nouvelle, c'est la perspective d'un mouillage calme et d'une longue nuit de repos non entrecoupée de quarts...

 
 
 
  Jeudi 12 - Dimanche 15 : Scarborough

Après 3 nuits, quatre jours et quelque CNED plus tard, vents portants, nous jetons l'ancre à Tobago, désireux d'en faire le tour, rejoignant sans le savoir deux équipages du rallye.

A peine posé le pied sur la terre ferme, premières obligations: les formalités de douane et de police de l'immigration. Jusque là, le Rallye s'occupait pour nous de toutes les formalités, maintenant c'est à nous de perdre quelques heures dans les divers bureaux et avec les divers paiers à remplir. Mais tout se passe bien, les officiers en charge sont tout à fait corrects et les procédures pas trop complexes.

Le mouillage de Scarborough n'a rien de beau ( maisons en décomposition avancée… dans lesquelles trouvent abri des gens adorables, gentils, drôles, joyeux, anglophones), conversant avec nous comme de vieux habitués. Nous attendons l'ouverture de la banque pour y retirer quelques milliers de dollars de Trinidad et Tobago : 7 $TT = 1 euro … (pour les nostalgiques du franc, c'est assez commode !…). Une " Grosse Mama " nous aborde d'un radieux sourire, nous demandant si nous connaissons Jésus-Christ. Réponse est donnée que c'est notre copain !

Au marché aux odeurs de vanille, de noix de muscade et de cannelle, des visages fripés par le soleil s'enquièrent de notre provenance ; mais jamais aucun racisme apparent.

Au " Blue Crab ", les restaurateurs (la maman et sa fille) qui nous servent un poisson à la créole et une purée d'okras téléphonent spontanément en ville pour nous renseigner sur les cyber-cafés en activité, sur l'ouverture du boulanger français cité dans les guides, et sur le prix modique des taxis américanisés. Taxis particuliers ou taxis groupes dont la somme modique est divisée par le nombre de tête de pipe… Somme modique, soit dit en passant, cela peut se comprendre avec du gasoil à 20 centimes d'euro le litre !

Il fait 35 degrés à bord en pleine journée, et nous nous faisons déposer au Blue Haven Hotel, jadis fief du tout Hollywood et repaire de Robert Mitchum et Rita Hayworth. Magnifique établissement, avec plage idyllique dans laquelle nous nous immergeons avec délice.

 
 
 
La plage du "Blue Haven Hotel"...
... c'est super pour se relaxer
 

Le lendemain soir, partis en taxi à " Bucoo Bay ", nous participons à la Sunday School : tous les dimanches soir ce petit village de pêcheurs s'anime pour une fiesta nocturne qui offre BBQ sur nappe en plastique, steel drums et reggae. Rappelons que les " steel drums ", ces tambours d'acier originellement faits de bidons coupés et dont la face a été martelée pour obtenir les différentes notes de la gamme, sont les instruments fétiches de Trinidad et Tobago. Cette musique s'identifie à cette petite république, de même que le calypso des années 50...

 
 
 
Notre ami "Frappe-qu'un-Coup", le roi du barbecue de Bucoo Bay.
Une soirée qui se prolonge au Coca-Cola, pour le plus grand plaisir de Simona !
 

Bucoo Bay jouit aussi d'un autre privilège: c'est le seul endroit au monde disposant d'un "caprinodrome" (je viens de forger le mot!): en bref un champ de courses pour chèvres ! Et une fois l'an, c'est la grande fête des courses de chèvres, avec paris et commentateur volubile juché sur son podium.

 
 
 
La piste du championnat du monde de course de chèvres...
... avec le tableau des favoris pour les parieurs !
 

Le lendemain, découverte du jardin botanique local, vestige traditionnel des occupants anglais partout dans le monde… où les mariés se font tout aussi traditionnellement photographier : avec leur cortège au complet et à l'américaine, nous nous faisons redoucher en tenue légère, et rentrons dans ce qui ressemble à un bistrot à la tenancière enrobée ; nous rions de la lecture d'une affiche placardée au dessus du bar : " No sleeping, No obscene langage, No credit ". C'est vendredi soir et les payes s'amenuisent au fur et à mesure du débit de bière brune anglaise. La " Carib " locale est beaucoup plus légère pour les touristes en mal de soif, qui ont déjà avalé deux litres d'eau minérale après les 3 grands bols de thé du matin !

 
 
 
C'est l'heure de la sieste...
... en attendant la "Samba Happy Hour" de 5 à 6 à la "King's Well Inn" !
 
 
 
 
Au jardin botanique, on taille les arbres en forme de cœur...
mais on sait aussi faire de majestueuses allées de palmiers
 
 
 
 
Et c'est quoi, ça ? ben, des mangues, pardi !
Et ça ? ben des papayes, tiens !...
Et ça ? c'est le uru, ou arbre à pain.
 

 
  Lundi 16 - Jeudi 19 : Store Bay

Suant son eau, le capitaine démonte le moteur tribord qui souffrait d'une artériosclérose amazonienne, et deux jours plus tard à Store Bay où nous mouillons quelques nuits, le moteur de l'annexe qui toussait et palpitait.

Store Bay, sur la côte Caraïbe, eau transparente, une dizaine de bateaux profitant du calme ambiant après la foule de la semaine dernière: c'était le point d'arrivée de la célèbre régate annuelle "Angostura Race" qui attire de très beaux et nombreux voiliers de course de toute la zone Caraïbe et des USA. Cela se termine par 60 ou 70 bateaux au mouillage devant les beaux hôtels dans cette baie qui est aujourd'hui tranquille. Il reste quelques jolies bêtes de course, et quelques croiseurs-voyageurs comme nous.

 
 
 
Store Bay: un mouillage tranquille devant les hôtels, et notre petite plage sympa,
où Simona aura quand même quelques déboires avec le corail de feu
 

Trois pélicans philosophes débatent des problèmes de ce monde. Un pélican gris s'envole au dessus de nos têtes, juste avant que ne tombe une pluie de mousson qui nous lave de pied en cap…

 
 
 
 
Nous dînons en ville, chez l'indien, histoire de changer de pays, après avoir découvert la laundry/cyber-café… Très pratique car ça lave et sèche tandis que vous pianotez… Tout tourne : housses de lits et de fauteuils, sacs marins et chapeaux, robe blanche à fleurs devenue tee-shirt à la sortie… Bref, une partie de ce qui reflétait encore l'humidité de l'Amazone.

 
 
   Nous prenons une journée de "repos à terre" en compagnie d'un guide au doux prénom de Barnie (cela rappelle le cheval de Jack lors de notre traversée de l'Utah et de l'Arizona, mais la crinière n'est pas la même, celle -ci est façon Bob Marley ), nous montons en 4X4 pour faire le tour de l'île. Vols de frégates, plages de sable désertes, paysage vallonné, très vert, bananiers, palmiers, arbres à pain, papayers, manguiers, cocoa-trees (cacaoyers)… Les points de vue magnifiques se succèdent, et Barnie nous commente l'histoire du pays et des lieux que nous traversons. En chemin, nous faisons une halte de plus de deux heures dans la Rain Forest, la plus ancienne forêt protégée du monde (comprenez: c'est le plus ancien décret de protection du monde, quand à la forêt, elle n'est pas plus ancienne que ça, au contraire, car elle est de temps en temps dévastée par un cyclone, le dernier passé ici étant Flora en 1963; après, il faut que ça repousse !).

Notre guide est spécialiste de botanique et de "bird-watching": il nous fait pendant deux heures épier les oiseaux de la réserve préservée. Plus de 210 espèces de volatiles chantant, dont - grâce à la science et à l'expérience de Barnie - nous découvrons quelques spécimens à la jumelle afin de mieux cerner leurs couleurs multiples, longueur des becs et profils des plumages.

Nous sommes couverts de répulsif à moustiques, avons nos pantalons de toiles aux jambes déhoussables, super pratiques, et nos chaussures de randonnées… Qui shootent dans une colonie d'énormes fourmis apportant sur le dos des confettis de feuilles vertes, vers le champignon nourricier de la colonie, afin qu'il continue de se développer pour alimenter leur garde-manger. ! Extraordinaire nature !

 
 
 
 
La "Rain Forest" du centre de l'île
Des tapis de fougeres magnifiques
 
 
 
 
A la découverte des oiseaux multicolores:
il y en a 210 espèces recensées sur l'île

Simona ouvre le terrier de la "Trap-Door Spider": cette araignée se fabrique
un tunnel avec une porte à bascule, d'où elle jaillit dès qu'elle sent une proie.

 
 

Les vallons se succèdent, tapissés de kapokiers et de feuillus immenses en bien plus grand nombre que palmiers et arbres à grandes feuilles. Barnie nous propose boissons fraîches et acras épicés acquis à la baraque de son pote, le long de la route… Direction la chute d'eau ! Quelle récompense après nos efforts que de nous glisser dans cette piscine naturelle, puis massage énergique dessous la chute, quelques petits poissons nous tenant compagnie…

 
 
 
   
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Durant tout ce séjour à Store Bay, nous restons en compagnie de nos amis allemands Gorch et Ingrid, du catamaran "Going", qui depuis la sortie de l'Amazone et la Guyane, nous ont tenu compagnie. Et qui ont si gentiment quand il le fallait durant la traversée vers Tobago réglé leur vitesse sur la nôtre pour rester au contact dans les zones à risques.

Ayant prévu de quitter Store Bay demain, c'est l'occasion de partager un dernier (last, but not least !) coucher de soleil et un punch planteur !

 
 
 
   
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Vendredi 20 : Parlatuvier Bay

 
 
 
  Forts de l'expérience "cascade", nous repiquerons à ce vrai plaisir quelques jours plus tard, au petit village de Parlatuvier devant lequel tout seul, nous mouillons pour la nuit. Parlatuvier, c'est un petit bijou de petite baie, avec juste assez de place de mouiller un bateau, pas plus, devant une plage de sable blond, un petit ponton, et quelques maisons colorées à côté de l'embouchure de la rivière...

 
 
 
Un vrai petit bijou de mouillage...

 
 
 
 
... et un régal de micro-village

 
C'est grâce aux conseils de " Chance " que nous remontons la petite rivière jusqu'à cette autre cascade. Chance, c'est la géniale et affable épicière de ce minuscule village aux 5 baraques en planche, école et 3maisons bleues, blanches et jaunes, qui de tout son sourire illustré dans les guides touristiques, se proclame aussi postière et officier d'état civil.

 
 
 
Mère et fille remontent la petite rivière ...

... pour découvrir une nouvelle cascade.

 
Un king-fish grillé plus tard , à la terrasse ventilée du seul resto du village, légumes cuits et crus + riz pour 100 $TT soit environs 15 euro, pour 3 couverts, pas de vaisselle et les cheveux rincés qui frisent en prime, nous voilà prêts pour lever l'ancre demain matin vers Charloteville, à 2 heures de navigation de là.

Mais auparavant, nous dégustons un petit punch devant le merveilleux spectacle que nous offre le soleil en se couchant (une fois de plus !)

 
 
 
" I'm a poor lonesome sailor, And a'far away from home... "

 

 
  Samedi 21 - Lundi 23 : Charloteville

 
 
 
 
Les canons du vieux Fort Cambleton gardent encore la baie de Charloteville.
À droite, la Baie des Pirates, où nous sommes mouillés, et la petite ville endormie.

 
  Retrouvailles de 3 autres bâtiments du Rallye qui nous incitent à plonger avec nos masques et tubas autour des petits îlots plantés de grands feuillus superbes. Simona rechigne un peu, et cela se comprend : il y a quelques jours, sur une plage proprette, jouant avec un autre enfant, elle s'est frottée l'épaule sur un " fire coral ", le corail de feu sévèrement urticant : grosse boursouflure, douleurs de brûlure et cris. Celestène en comprimés et piqûre anti-bobo (Merci Marie-Odile pour la riche pharmacie de bord !) ont enrayé le mal.

Nous revêtissons donc combinaisons, gants et chaussures de plongée et découvrons avec masques et tubas, les exceptionnelles couleurs de la faune et flore aquatiques locales : Poissons trompettes, plats, ovales, pas sauvages du tout, multicolores bien sûr, oursins énormes, coraux en service… et un tout petit bleu dur avec des points noirs, qui inspirerait Sabine pour une robe d'été en grand métrage. Et quelques barracudas.

À terre, le marché aux poissons est plus riche que celui des fruits (pastèques et bananes)… et les 4 bicoques /snack proposent des "rotis", une gourmandise de la cuisine indienne en forme de repas complet, à savoir un genre de crêpes fourrées de viande ou poissons et légumes qui nourrissent les marins.

 
 
 
 
Mère et fille à Fort Cambleton ...

La bourgade de Charloteville.

 
 
 
 
Derrière le cap'tain, les bateaux au mouillage.

Une halte bienvenue sous le chaud soleil tropical.

 
  Mardi 24 - Mercredi 25 : Anse Bateau

 
 
Trois soirs plus tard, nous contournons la pointe nord de l'île de Tobago, côté Atlantique, avec pluie de temps à autre et courants. Toujours cette végétation superbe. On dirait la côte d'Azur il y a 200 ans… Mais avec un plus: de temps à autre, de grosses tortues de mer viennent à la surface pour respirer un coup... Elles nous regardent, semblent nous dire bonjour puis replongent placidement dans leur élément. Et ça, ça vous laisse un petit goût de plaisir dans le paysage marin !...

Vu du haut de l'île, quand nous en avons fait le tour en voiture, c'est façon "corniche haute"…

Nous passons devant un rocher percé: les british, colonisateurs de l'île jusqu'en 1962, n'ont pu s'empêcher d'y laisser leurs empreintes: ce rocher a gardé le nom de "London Bridge" ! Il y a d'ailleurs le même genre de roche percée avec exactement le même nom au nord de l'île de Grenade (sud des petites Antilles).

 
   

L'ancre est jetée dans la crique de Anse-Bateau. Nous sommes seuls. Au fond de la minuscule baie, un hôtel tout bleu et charmant aux prix américains accueille des anglais venus en série pour la plongée… On leur emboîte la palme modestement, en snorkeling… Découvrant de nouveaux visages sous-marins jaunes et noirs plats, rouges et noirs stendhaliens allongés, turquoises et oranges tous maigres, insolents black and white rayés et dédaigneux bleus des mers du Sud bien en forme de poissons d'avril.

En face de nous, Little Tobago, île sauvage et réserve ornithologique, paradis des plongeurs. Et aussi la petite Île de la Chèvre (Goat Island), avec sa maison de rêve, maison "du bout du monde", la seule de l'île, appartenant à un riche propriétaire de Trinidad. A voir de loin, car quand on s'approche, le gardien n'envoie pas que des regards de sympathie...

Visitant la baie en annexe, nous passons devant les ruines d'une des nombreuses plantations de canne à sucre qui faisaient la riche de l'île jusqu'au siècle dernier. On y voit encore la grande roue à aube du moulin à eau sur la petite rivière, qui actionnait les presses à écraser les cannes pour en extraire le jus.

 
 
 
 
Passée la pointe Nord de l'île, nous allons mouiller dans "Anse Bateau"
Les british ne sont pas les seuls à avoir laissé des traces de leur passage ...

Les ruines de la vieille plantation.

 
 

Les nuits sont calmes, avec moustiquaires, lever du jour vers 5 h 30… L'équipage se réveille peu à peu avec les cris des mouettes rieuses à tête noire, comme celle de Gaston, le thé chauffe, et les céréales ramenées d'un peu partout: France, Suisse, Portugal, Canaries, Brésil plongent dans le yaourt fabriqué avec quelques blanches bactéries vivantes mélangées la veille à du lait.

(Merci Evelyne !)

 
 
 
 
Little Tobago, aussi nommée "Bird of Paradise Island". Tout un programme...
Et, au premier plan, "Goat Island" ...
 
 
 
 
... avec sa maison de rêve du bout du monde !...
 
  Jeudi 26 : Englishman's Bay

 
 
 
 
Englishman's Bay

 
 
 
 
La beauté de la plage presque parfaite.

 
  Nous remontons vers Englishman's Bay, très courue pour sa beauté, sans âme qui vive: une longue plage de sable bordée de cocotiers, fonds clairs … Nous y sommes dans la carte postale ! les pieds dans l'eau avec masque et tuba, à surprendre la vie sous-marine… Puis attablés devant un nourrissant " roti " cuisiné dans la seule baraque en planche dont la cuisinière colorée vend aussi des paréos, des mangeoires à oiseaux en bambou, et quelques bracelets qui décorent les chevilles de la mère et de la fille. Elle avait accepté la veille, faute d'argent sur nous, lors de la reconnaissance des lieux d'attendre le lendemain pour être payée, et avait déclaré : " Pourquoi refuser de vous faire confiance, nous sommes des êtres humains, non ? "… Phrase pas souvent entendue ailleurs….

 
 
 
Au petit restau plein air sur la plage, Sabine et Simona font passer le temps en attendant d'être servies d'un délicieux "roti" indien ...

 
 
 
 
Juste à côté, une ou deux baraques proposent des paréos, des bracelets de coquillages, des colifichets en bois de bambou ou de calebasse ...

 
 
 
 
Les nuages d'averses, à cette saison, ne sont jamais très loin. Mais le soleil non plus. Nous admirons le résultat...

 
En vue de traverser vers Trinidad, nous rejoignons à nouveau Store Bay (3 heures de nav seulement, mais c'est beau tout le long !… Avec des maisons blanches du bout du monde, aux grandes baies vitrées, planquées sur les hauteurs et accès privés)… Store Bay d'où nous pourrons vous envoyer ce récapitulatif qui, nous l'espérons, vous trouvera en bonne forme et vous suggérera de faire un saut jusqu'à nous.

Il nous faut y être le mardi 31 mai pour refaire dans un chantier, une toilette approfondie à " Double Boggey " qui, après avoir parcouru 9000 miles en 8 mois, en a grand besoin. On hisse ses 11 tonnes hors de l'eau….

Bientôt le 29, et nous pensons bien à vous qui allez voter. Pour nous, sans domicile fixe, le problème du vote se révèle un peu difficile, malgré la procuration que nous avons pris soin de confier (merci Marc !) et qui, d'après les dédales de l'administration française, n'est pas utilisable … Mais nous pensons bien à vous, avec une certaine nostalgie, car vous avez eu le bonheur d'avaler les sondages et les discours préélectoraux, et dimanche soir allez avoir l'immense plaisir de vous farcir le suspense frelaté de la première estimation de 20 heures et une seconde, puis la folle soirée de débats entre les traditionnelles têtes de guignols qui vont tous clamer que c'est une grande victoire pour la droite et que c'est une grande victoire pour la gauche…

Vu d'ici, mon Dieu que c'est loin ! Et qu'on en relativise l'importance !

La double couchette et salle de bain babord réservée aux copains, vous attendant. Seulement 9 heures de zingue direct… Vers Fort de France en juillet, une prochaine étape après les très belles îles Grenadines et les Tobago Cays en juin, avec vol semi-direct, mais quel régal !

A bientôt les copains. You are welcome.